Cotation des échographies en médecine générale : le guide complet pour les médecins
L’échographie clinique est en train de devenir un outil du quotidien pour de nombreux médecins généralistes : douleurs abdominales, dyspnée, suspicion de phlébite, traumatologie aiguë… Les indications se multiplient. Mais une question revient systématiquement en formation : comment coter correctement une échographie en médecine générale ?
Comprendre la cotation échographie médecine générale est indispensable pour sécuriser sa pratique, rester conforme à la réglementation (CCAM) et valoriser le temps médical consacré à l’examen. Ce guide fait le point sur les grands principes, les actes accessibles au généraliste, les principaux codes CCAM et les conditions de facturation, avec une approche très pratique adaptée au terrain. Que l’on soit médecin généraliste, urgentiste ou pédiatre, et quelle que soit la pathologie prise en charge, la question du tarif, du code utilisé et du cadre réglementaire se pose désormais au quotidien.
Pourquoi la question de la cotation est essentielle
Pour un médecin traitant qui intègre l’échographie à sa consultation, l’enjeu est triple :
- Sécuriser le cadre réglementaire : seuls les actes inscrits à la CCAM et réalisés dans les règles de l’art peuvent être facturés et remboursés.
- Valoriser le temps et l’expertise : un examen échographique structuré (interrogatoire ciblé, acquisition d’images, interprétation, compte rendu) ne peut pas être « dilué » dans une simple consultation.
- S’ancrer dans une démarche qualité : la HAS rappelle que l’échographie clinique ciblée par le médecin généraliste doit répondre à des exigences de formation, de traçabilité et d’indication.
Sans maîtrise de la cotation échographie médecine générale, le risque est double : soit renoncer à coter l’acte (perte de valorisation), soit mal coter (redressements éventuels, désaccord avec l’Assurance Maladie). D’où l’importance de disposer de repères clairs et actualisés, et d’organiser plus facilement la communication avec les spécialistes vers lesquels le patient pourra être adressé.
Les bases de la cotation en échographie
Différence entre NGAP et CCAM
En médecine générale, la plupart des consultations sont cotées à la NGAP (C, CS, majoration de coordination MCG, majoration d’urgence MU, autres majorations…). Les actes techniques d’imagerie, eux, relèvent de la CCAM (Classification Commune des Actes Médicaux).
Concrètement :
- La consultation reste cotée en NGAP.
- L’échographie est un acte CCAM distinct, avec son propre code (type ZCQM…, QEQM…, JAQM…).
Le cumul d’un acte NGAP (consultation) et l’échographie (code CCAM) n’est aujourd’hui pas réalisable, ce qui impose de choisir entre la valorisation de la consultation (éventuellement avec majoration) et celle de l’acte échographique.
Cette logique s’applique aussi bien au médecin généraliste qu’au pédiatre ou à d’autres spécialistes de premier recours, qui doivent adapter leur stratégie de facturation en fonction du contexte clinique, de la pathologie rencontrée et du niveau d’urgence.
Principes de facturation d’un acte d’échographie
Quelques principes structurants pour la cotation :
- Un libellé = un contenu précis : si un libellé décrit une procédure complète (ex. échographie abdomino-pelvienne), c’est ce code qui doit être utilisé, et non une addition de plusieurs actes partiels.
- Compte rendu obligatoire : tout acte d’échographie facturé doit donner lieu à un compte rendu écrit, conservé dans le dossier et remis au patient ou au médecin traitant le cas échéant.
- Traçabilité des images : archiver au minimum quelques images clés, voir des clips vidéos pour le suivi clinique du patient.
- Respect des règles d’association : on évite par exemple de cumuler plusieurs actes « larges » couvrant le même territoire anatomique, sauf indications et libellés distincts.
Actes réservés, partagés ou ouverts aux généralistes
La CCAM ne définit pas une « spécialité obligatoire » pour chaque code, mais certains actes sont de fait réservés (échographies de grossesse morphologiques, écho-endoscopies, actes très spécialisés…).
En pratique :
- De nombreux actes d’échographie abdomino-pelvienne, thyroïdienne, des tissus mous, musculosquelettiques ou vasculaires de premier recours peuvent être réalisés par des médecins généralistes formés, à condition de respecter les critères de qualité décrits dans la CCAM et par la HAS.
- Il est fortement recommandé de vérifier systématiquement les libellés et les éventuelles restrictions dans la CCAM en ligne (navigateur Ameli) avant de choisir un code, afin de rester cohérent avec le tarif applicable et la réalité de la pathologie prise en charge.
Les actes d’échographie accessibles au médecin généraliste
Échographie abdominale et pelvienne
En cabinet, l’échographie abdominale permet de documenter des douleurs abdominales, une suspicion de colique néphrétique, une dilatation ou anomalie de la vésicule biliaire, une exploration de la vessie ou de la prostate, que ce soit pour une pathologie aiguë ou chronique, en ville ou en situation d’urgence relative.
Les libellés CCAM couvrent par exemple :
- Échographie transcutanée unilatérale ou bilatérale du rein et de la région lombaire (JAQM003)
- Échographie transcutanée du foie et des conduits biliaires (HLQM001)
- Échographie transcutanée de la vessie et/ou de la prostate (JDQM001)
Différentes variantes de ces cotations existent, que vous pouvez notamment consulter via ce lien.
Échographie thyroïdienne et cervicale
L’échographie du cou s’intègre très bien à la consultation de médecine générale : bilan de goitre, nodules thyroïdiens, adénopathies cervicales, masses sous-cutanées.
Ces actes sont codés via des libellés spécifiques d’échographie cervicale et thyroïdienne dans la CCAM radiologique, à savoir :
- Échographie transcutanée de la glande thyroïde (KCQM001)
- Échographie-doppler des artères cervicocéphaliques extracrâniennes, sans mesure de l’épaisseur de l’intima-média (EBQM001)
Différentes variantes de ces cotations existent, que vous pouvez notamment consulter via ce lien, en lien étroit avec les spécialistes d’endocrinologie ou de chirurgie ORL lorsque cela s’avère nécessaire.
Échographie musculosquelettique et tendineuse
Pour les douleurs de l’épaule, du poignet, du genou, des tendinopathies ou des traumatismes bénins, l’échographie musculosquelettique offre un gain diagnostique majeur.
Elle permet d’orienter rapidement entre simple tendinopathie, rupture partielle, épanchement articulaire ou lésion plus complexe, en limitant parfois le recours systématique à l’IRM ou au spécialiste, et en identifiant les situations qui relèvent clairement d’une chirurgie orthopédique.
Vous pouvez notamment retrouver les cotations suivantes :
- Échographie de muscle et/ou de tendon (PCQM001)
- Échographie unilatérale ou bilatérale d’une articulation (PBQM002)
Différentes variantes de ces cotations existent, que vous pouvez notamment consulter via ce lien.
Échographie vasculaire de premier recours
Certaines situations de suspicion de thrombose veineuse profonde (TVP) des membres inférieurs, ou de dilatation de l’aorte abdominale peuvent faire l’objet d’une première évaluation par le généraliste formé, en conformité avec les recommandations et en lien avec les structures de radiologie ou de médecine vasculaire, voire avec les spécialistes de chirurgie vasculaire en cas de signe de gravité ou d’urgence diagnostique.
Échographie pulmonaire
L’échographie pulmonaire est particulièrement utile en situation aiguë : dyspnée, suspicion d’épanchement pleural, signes d’insuffisance cardiaque, pneumonie éventuelle, etc. En ville, il s’agit d’une évaluation orientée, qui ne remplace pas l’imagerie de référence mais permet de prioriser les examens complémentaires et les orientations, en particulier dans le cadre d’une consultation d’urgence ou d’un suivi rapproché.
La cotation « échographie transthoracique du médiastin, du poumon et/ou de la cavité pleurale » est la suivante : GFQM001.
Les principaux codes de cotation (CCAM)
Les codes CCAM les plus utilisés en pratique générale
Parmi les codes fréquemment cités en cotation échographie médecine générale, on retrouve notamment :
- ZCQM008 – Échographie transcutanée de l’abdomen.
- ZCQM005 – Échographie transcutanée de l’abdomen, avec échographie transcutanée du petit bassin (abdomino-pelvienne).
- ZCQM003 – Échographie transcutanée du petit bassin féminin.
- JAQM003 – Échographie d’un rein.
Cette liste n’est pas exhaustive : chaque territoire (aorte, testicules, tissus mous superficiels, etc.) possède un libellé dédié. La consultation systématique de la CCAM en ligne reste le réflexe à adopter.
Exemples de libellés et tarifs moyens actuels
À titre indicatif (tarifs secteur 1, métropole, susceptibles d’évoluer) :
- ZCQM008 – Échographie transcutanée de l’abdomen : environ 54,02 €.
- ZCQM005 – Échographie abdomino-pelvienne : environ 75,60 €.
- JAQM003 – Échographie transcutanée unilatérale ou bilatérale du rein et de la région lombaire : environ 52,45 €.
Les valeurs exactes et leurs éventuelles mises à jour doivent toujours être vérifiées sur les tableaux officiels des tarifs CCAM publiés par l’Assurance Maladie ou les syndicats professionnels.
Conditions pour pouvoir facturer une échographie
Pour facturer une échographie en médecine générale dans de bonnes conditions, plusieurs critères sont attendus :
- Formation adaptée : la HAS souligne la nécessité d’une formation structurée (DIU, formation DPC validante, programmes spécifiques d’échographie de premier recours).
- Maîtrise de l’indication et des limites : l’examen doit être pertinent, tracé, et réalisé dans le cadre des compétences du praticien, avec recours au radiologue ou au spécialiste si besoin.
- Matériel conforme : échographe adapté, maintenance et contrôle qualité réguliers, sondes adaptées aux territoires étudiés.
- Compte rendu et archivage : description structurée (indication, technique, résultats, conclusion) et conservation d’images représentatives.
Conscients que ce sujet est important pour la pratique en médecine générale comme en pédiatrie, nous réalisons un module d’apprentissage « médico-économique et légal » pendant nos formations EchoFirst®, avec un focus spécifique sur la compréhension du tarif, du choix du code et de l’utilisation pertinente de chaque majoration.
Remboursement et valorisation de l’acte échographique
Règles de remboursement par l’Assurance Maladie
Un acte d’échographie CCAM réalisé en secteur 1 est remboursé sur la base du tarif conventionnel, généralement à 70 % par l’Assurance Maladie, le reste étant pris en charge par la complémentaire selon le contrat du patient.
L’échographie étant un acte technique à part entière, son remboursement est indépendant de celui de la consultation, sous réserve de respecter les règles d’association retenues par la convention médicale et les éventuelles majorations liées au contexte (urgence, déplacement, etc.).
Rôle du médecin traitant et du parcours de soins
En médecine générale, le praticien est souvent à la fois :
- médecin traitant,
- prescripteur,
- et réalisateur de l’échographie.
L’acte s’inscrit alors pleinement dans le parcours de soins coordonné, ce qui limite les risques de reste à charge pour le patient et renforce la pertinence du recours à l’imagerie : l’examen est réalisé au plus près du besoin clinique, souvent dans le même temps que la consultation, y compris lorsqu’il s’agit d’une pathologie aiguë vue en urgence.
Évolution des tarifs et discussions conventionnelles
Les tarifs des actes d’échographie et les conditions de leur facturation sont régulièrement réévalués dans le cadre des négociations conventionnelles entre syndicats médicaux et Assurance Maladie. Parallèlement, les travaux de la HAS sur l’échographie clinique ciblée en médecine générale plaident pour une structuration de ces pratiques : clarification des indications, exigences de formation et reconnaissance de la valeur ajoutée de ces actes au plus près du patient.
Pour rester à jour, il est recommandé de :
- consulter régulièrement les mises à jour de la CCAM et des tarifs,
- suivre l’actualité conventionnelle via les syndicats et l’Assurance Maladie,
- et s’inscrire dans une démarche de formation continue, en particulier sur la cotation échographie médecine générale.
Chez EchoFirst®, notre objectif est double : vous rendre autonome sur le plan technique en échographie, mais aussi serein sur le plan réglementaire et de la cotation, afin que cet outil devienne un véritable levier de qualité des soins… et non une source d’incertitude administrative, que ce soit pour le médecin généraliste, le pédiatre ou les autres spécialistes de premier recours impliqués dans le parcours de soins.
